Fils d’un banquier parisien, Michel MARTINI est né le 8 février1925 à Paris. Après des études secondaires brillantes, il s’inscrit à la faculté de Médecine où il passe son 1er concours d’internat à l’âge de 21 ans.
En octobre 1946 il accompagne son père venu visiter une de ses succursales à Alger. Ce premier séjour en Algérie lui fit découvrir un monde totalement différent du sien : il visite Alger, Constantine, Biskra, Touggourt et Ouargla. Il revient en France pour continuer ses études de médecine et est nommé interne en 1949. Il choisi la chirurgie et passe ainsi quatre ans et demi dans différents services de chirurgie parisiens.
Son deuxième séjour en Algérie aura lieu en mai 1954 où il vient remplacer pour un mois le docteur Hamida BENTAMI, chirurgien à l’hôpital de Miliana. Après ce remplacement, il retourne à Paris terminer son internat à l’Institut Gustave Roussy puis passe le concours de chirurgien-adjoint des hôpitaux de 2ème catégorie d’Algérie et prend le poste d’Orléansville (actuellement Chlef) que le docteur Kamoun désirait quitter. Il s’installe ainsi à Orléansville et c’est là qu’il fit la connaissance de Germaine Tillion et de plusieurs membres du parti communiste algérien (PCA), lui même étant un ancien du PCF.
Ces connaissances vont influencer son engagement pour la révolution algérienne puisqu’il accueillit clandestinement dans son service plusieurs menbres du PCA dont un homonyme de l’ancien président algérien, feu Mohamed BOUDIAF. Cette activité en faveur de la révolution algérienne naissante sera à l’origine de son arrestation et son assignation à résidence à Sidi Mahdjoub près de Médéa par la DST le 5 juillet 1956.
Il sera écroué par la suite à la prison d’Oran (septembre 56-août 57) puis condamné à 5 ans de prison avec sursis et expulsé d’Algérie.
Il se réfugie alors en Tunisie où il arrive le 1er octobre 1957.
Il travaille alors au service de chirurgie de l’hôpital de Sfax (octobre 57-février 58).
Au cours de cette période il fit la connaissance de plusieurs médecins algériens, futurs responsables de la médecine et de la santé algérienne.
Parmi eux on peut citer les docteurs NEKKACHE (futur ministre de la santé) MAMMERI (futur directeur de la santé), Janine BELKHODJA, Pierre CHAULET, Charles et Alice GERONIMI.
Durant l’été 58 il rejoint l’hôpital Charles Nicolle de Tunis où il travaille dans le service de chirurgie du docteur ESSAFI qui l’initiera à la chirurgie pulmonaire et cardio-vasculaire.
En concertation avec le docteur NEKKACHE, responsable de la santé au niveau de l’ALN, il organisera des cours de traumatologie pour les médecins et infirmiers algériens et s’occupe de la mise en place d’un centre de rééducation près de la frontière algéro-tunisienne.
Cette activité en faveur de la révolution algérienne lui permet de connaître d’autres médecins algériens (Mourad TALEB, Bachir MENTOURI, BOUDRAA, Zouhir YAGOUBI et Franz FANON) ainsi que plusieurs responsables de la révolution (parmi lesquels : KRIM Belkacem, Ferhat ABBAS, M’hamed YAZID, Abdelhamid MEHRI) et lui donnera également l’occasion de visiter l’Allemagne démocratique (RDA), la Libye et l’Italie.
Il rentre en Algérie en juillet 1962 et débarque à l’hôpital Mustapha où il procède à la réouverture du service de chirurgie “Sedillot”, fermé depuis plusieurs semaines après le départ de la plupart des médecins français. Il est rejoint quelques temps plus-tard par Bonafous en qualité de chef de service.
Il restera à Sedillot jusqu’au début de l’année 1964 où il rejoint, en qualité d’assistant, le service de chirurgie du professeur Brehant au CPMC.
Au cours de cette période il aidera un certains nombre de jeunes médecins algériens récemment rentrés en Algérie et voulant se consacrer à la chirurgie.
Plusieurs d’entre eux sont devenus par la suite chefs de service.
Il participe également à la création de la Société Algérienne de Chirurgie (SAC) en 1963, héritière de la Société de Chirurgie d’Alger. Il est le secrétaire général du premier bureau de la SAC qui se réunit régulièrement le 1er samedi de chaque mois à Bichat. Il visitera l’URSS (août-septembre 1963) et terminera la traduction en français de l’ouvrage de l’orthopédiste italien Mezzari sur les séquelles de la poliomyélite.
Au cours de l’année 64, il obtient la nationalité algérienne pour avoir milité au cours de la révolution algérienne. Après quelques mois au CPMC, il rejoint Bichat où le professeur Ferrand était revenu comme coopérant technique. Il retrouve dans ce service Pheline, Plane, Chitour, Aboulola, Benhabyles et Lehtihet.
Il y restera jusqu’en juin 67.
Après un premier échec à l’agrégation à Paris en 1962, il se présente de nouveau en 1967 à l’agrégation à Alger en même temps que les docteurs Mentouri, Bendali Amor, Klouche, Boudraa, Tateb, Roche (en chirurgie), Chaulet, Larbaoui (en peumologie), Mostefai, Boudjellab, Toumi (en cardiologie), Chitour (en anatomie), Abdelouahab (en ORL), Abada (en neurochirurgie), Yagoubi (en rééducation fonctionnelle), Géronimi (en neuropsychiatrie) etc.
Après son succès, et devant l ‘absence de poste d’orthopédie, il opte pour le service de chirurgie générale de Parnet dirigé alors par le docteur Marill.
Jusqu’en 1972, Martini fera donc de la chirurgie viscérale et de la chirurgie osseuse et aura comme assistants plusieurs des chefs de service actuels dont les docteurs Bekhechi, Guidoum, Graba, Benelkadi etc.
Il s’impliquera également dans la réforme des études médicales initiée par le ministre de l’enseignement de l’époque, feu Benyahia.
Il participe en juillet 1971 à la conférence mondiale de l’union internationale contre la tuberculose à Moscou et présente à la SOFCOT un travail sur l’ostéite tuberculeuse.
En novembre 1972, il rejoint l’ hôpital de Douéra, à une vingtaine de kilomètres d’Alger, où il crée le service d’orthopédie et forme toute une génération d’orthopédistes devenant ainsi le père de l’orthopédie algérienne et l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’infection osseuse en général et de la tuberculose osseuse en particulier.
Il laissera également à la postérité une voie d’abord de l’épaule qui porte son nom.
Malgré l’éloignement, tous les résidents, que ce soit de chirurgie générale ou d’orthopédie, se bousculaient pour obtenir un poste à Douéra.
Ses élèves continueront son œuvre et, quelques année plus-tard, un de ses élèves, devenu ministre de la santé, fera de l’hôpital de Douéra un établissement hospitalier spécialisé (EHS) dans la pathologie osseuse.
Il prend sa retraite en novembre 1987 à l’âge de 62 ans et quitte l’Algérie pour la France où il vit actuellement.
Il publie un ouvrage en quatre tomes sur ses années passées en Algérie : “Chroniques des années algériennes”.
Source de l’article : www.santemaghreb.com/algerie.